Les timbres mettant en scène The Tragically Hip, Rush, The Guess Who et Beau Dommage forment le dernier volet de notre série sur les artistes canadiens de la chanson, mais le premier jeu qui braque les projecteurs sur des groupes plutôt que sur des artistes individuels. Aujourd’hui, chacune de ces formations jouit d’un succès critique et populaire qui dépasse largement nos frontières.

The Tragically Hip
En 1984, Gordon Downie, Paul Langlois, Rob Baker, Gord Sinclair et Johnny Fay forment un groupe qu’ils baptisent The Tragically Hip. Choisi en vitesse avant le premier engagement, le nom s’inspire de la vidéo Elephant Parts réalisée en 1981 par Michael Nesmith un ancien du groupe The Monkees.

Reconnu pour ses performances d’une rare intensité, The Hip fait le bonheur de ses admirateurs en multipliant les tournées au Canada, aux États-Unis et en Europe, s’imposant un horaire des plus exigeants. La formation, qui a à son actif 12 albums studio, 2 albums en concert, 1 quarante-cinq tours grande plage et 54 simples, a vendu des millions de disques partout dans le monde. Acclamé tant par le public que par la critique, le groupe a vendu des millions d’albums partout dans le monde et reçu de nombreuses récompenses, dont 14 prix JUNO et le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, en plus d’être intronisé au Panthéon de la musique canadienne.

Rush
Depuis le lancement de son premier album, en 1974, Rush a vendu plus de 40 millions d’albums à l’échelle de la planète, ce qui le classe au troisième rang des groupes rock ayant obtenu le plus de certifications or et platine, après les Beatles et les Rolling Stones. Le trio torontois figure parmi les groupes rock les plus influents et les plus estimés que le Canada ait jamais portés.

Prouvant que le succès populaire n’est pas incompatible avec l’innovation artistique, la formation a été récompensée à de multiples reprises, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Au pays, Geddy Lee, Alex Lifeson et Neil Peart sont décorés de l’Ordre du Canada et sont lauréats de nombreux prix JUNO ainsi que du Prix de la réalisation artistique des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. Déjà membre du Panthéon de la musique canadienne et du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens, Rush est devenu, en avril dernier, le premier groupe canadien à être intronisé au Rock and Roll Hall of Fame, un honneur que partagent très peu d’artistes canadiens.

The Guess Who
En 1962, l’auteur-compositeur-interprète Chad Allen s’allie à Jim Kale, Randy Bachman, Garry Peterson et Bob Ashley pour former le groupe Chad Allen and the Reflections. En 1965, la formation enregistre le simple « Shakin’ All Over », que la maison de disques distribue aux stations de radio dans une pochette blanche marquée uniquement des mots « Guess Who? » (devinez qui?). Utilisée pour piquer la curiosité, l’expression colle au groupe.

Après le départ de Bob Ashley, Burton Cummings se joint au groupe. Au fil de sa carrière, The Guess Who enregistre 14 titres qui se hissent dans les 40 premières places du palmarès, vend des millions d’albums, remporte deux prix JUNO, obtient une étoile sur l’Allée des célébrités canadiennes et est intronisé au Panthéon de la musique canadienne ainsi qu’au Temple de la renommée de l’industrie canadienne de la musique. En 2002, le groupe se voit décerner le Prix de la réalisation artistique des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. En 50 ans, des membres sont partis et d’autres ont pris leur place, mais The Guess Who est toujours bien vivant, continuant de produire des albums et de faire salle comble partout dans le monde.

Beau Dommage
Pierre Bertrand, Pierre Huet, Robert Léger et Michel Rivard écrivent leurs premières chansons, alors qu’ils sont à l’université, et se produisent chacun de son côté dans les boîtes à chansons comme plusieurs le font à leurs débuts.

Admirant le travail les uns des autres, ils décident d’unir leurs forces. Ainsi naît le groupe de folk-rock urbain québécois Beau Dommage, nom dérivé d’une vieille expression signifiant « mais certainement ». Aux quatre comparses viennent s’ajouter Marie Michèle Desrosiers, Réal Desrosiers, puis Michel Hinton.

Le premier album du groupe, un album éponyme lancé en 1974, atteint vite le sommet des ventes, et son deuxième, Où est passée la noce?, connaît un succès tout aussi fulgurant. De 1975 à 1978, Beau Dommage multiplie les tournées au Québec et en Europe. Le groupe se dissout en 1978, mais ses membres, toujours complices, se retrouvent sur scène en 1984, 1992, 1995 et 2005.

Rendue populaire par ses riches harmonies vocales et ses textes ancrés dans le quotidien québécois, la formation obtient de nombreuses récompenses, dont des certifications double platine, des trophées Félix et un Billet d’or, prix qui souligne le cap des 50 000 billets vendus pour un spectacle. Mentionnons enfin que Beau Dommage a été le premier groupe de l’histoire à recevoir la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale du Québec.

Au sujet des timbres
Louis Gagnon, de la firme de design graphique Paprika, s’est inspiré d’éléments représentatifs de chaque formation pour créer le motif des figurines. Ainsi, pour Beau Dommage et The Tragically Hip, le designer a privilégié des photos de groupe; pour The Guess Who, il a arrêté son choix sur le logo de la formation tandis que pour Rush, il a reproduit la pochette de l’album 2112. L’artiste a ensuite unifié le tout en harmonisant la facture graphique des quatre timbres qui figurent chacun sur un pli Premier Jour distinct.

« J’ai voulu saisir l’essence de chaque groupe tout en ayant une composition empreinte de respect, explique-t-il. Les formations ont été consultées tout au long du processus, ce qui nous a aidés à trouver le juste milieu entre la façon dont chacune désirait être représentée et ce que nous souhaitions comme résultat final. »

« Même si ces groupes existent depuis au moins une trentaine d’années, la plupart sont encore actifs aujourd’hui », fait remarquer le designer. « Il était donc important pour nous que la conception ait un caractère intemporel. »

Liz Wong, gestionnaire, Conception et production de timbres, à Postes Canada, acquiesce : « Retracer des carrières aussi incroyables en quelques images est pratiquement impossible, dit-elle, sans compter qu’il nous fallait trouver un équilibre entre le passé et le présent pour créer un produit qui soit classique et indémodable. »

« Cette émission a été pensée pour les fans », poursuit la gestionnaire. « Nous voulions leur offrir quelque chose qui leur parlerait et qu’ils aimeraient. »

Louis Gagnon reconnaît le privilège d’avoir pu travailler à cette série. « Ces groupes ont chacun une histoire exceptionnelle et, tout comme leurs grands classiques, ils exercent toujours une influence considérable sur la scène musicale. J’ai trouvé très gratifiant de réaliser des timbres qui leur rendent hommage et qui voyageront partout dans le monde pour enrichir les collections de nombreux admirateurs. »