Le Canada est un véritable paradis pour les motocyclistes. Pensez liberté et exploration. Pensez aux routes qui bifurquent sur de vastes champs, zigzaguent dans des montagnes en dents de scie ou s’enfoncent dans d’épaisses forêts boréales. Imaginez-vous rouler vers l’horizon, admirant chaque nouveau paysage sans pare-brise pour entraver la vue.

Ingénieux, les Canadiens ont construit des motocyclettes adaptées à ce paradis. Au total, 21 marques de moto ont vu le jour au Canada. Certaines ont connu une vie de voyages ou de compétition alors que d’autres ont eu une carrière policière ou militaire.

Les premières motocyclettes ont été inspirées de l’automobile, qui procurait à son conducteur un grand sentiment de liberté. C’est le cas de la Lightweight Motor Cycle, construite par la Canadian Cycle and Motor Company (CCM). Parmi les quelques modèles produits par CCM figure celui de 1908, illustré sur le timbre. Ce modèle était doté d’un moteur de fabrication suisse pouvant être installé sur n’importe quel cadre de bicyclette ordinaire.

Quatre ans plus tard, l’Indian, représentée sur la vignette par le modèle de 1914, a été un grand succès commercial. Construite au Massachusetts par la firme Hendee Manufacturing Co., rebaptisée plus tard la Indian Motorcycle Company et installée sur la rue Mercer, à Toronto, l’Indian a fait la gloire du coureur « Wild Joe » Baribeau, qui a remporté sur cette moto de nombreux championnats provinciaux et nationaux. Impressionnés par les performances de l’Indian, plusieurs corps policiers du Canada l’ont adopté pour leurs services.

Pour concevoir les timbres, le designer Matt Warburton d’Emdoubleyu Design s’est laissé guider par sa propre passion. « J’ai fait de la moto toute ma vie, explique l’artiste. C’est mon père qui m’y a initié quand j’étais jeune; il adore les motos. Quand je lui ai dit que je faisais ces timbres, il était emballé et très fier. »

Matt Warburton a opté pour un motif simple, préférant mettre l’accent sur la moto elle-même. « Je voulais faire ressortir la beauté structurale des motos, leur design, la beauté de leurs formes, qu’on parle du moteur, de la carrosserie ou du réservoir. »

Il en résulte des timbres qui donnent deux vues de chaque moto : en gros plan, une vue plongeante; et en plus petit, une vue de profil. Le pli Premier Jour officiel montre des vues de profil plus détaillées, rehaussées en arrière-plan d’une coupe rapprochée des moteurs.

La décision du designer d’illustrer uniquement la moto n’était pas motivée que par une question d’esthétisme. L’artiste explique qu’il voulait susciter l’intérêt chez tous les motocyclistes, peu importe l’usage qu’ils font de leur engin: sport, transport ou randonnées récréatives. « Les motos n’ont pas la même signification pour tout le monde, mais à la base, ce qui rallie les passionnés, c’est le fait qu’elles ont un moteur et deux roues. »

Outre les photos de motocyclettes classiques, le designer a choisi un cachet d’oblitération inspiré d’une célèbre affiche de la Seconde Guerre mondiale. « Je voulais que les gens éprouvent un sentiment de fierté en voyant que les motos canadiennes ont fait partie de l’histoire. »

Les timbres mettant en images la Lightweight Motor Cycle de 1908 et l’Indian de 1914 sont les premiers d’une série consacrée aux motocyclettes de conception et de fabrication canadiennes.