Que ça soit leurs pétales veloutés s’ouvrant timidement ou leurs effluves faisant le bonheur des grandes maisons de parfum, les magnolias ont un côté romantique et irrésistiblement exotique.

Alors que leur seul nom évoque le Sud, les juleps à la menthe et les amples jupes à crinoline, les magnolias, originaires de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, se sont adaptés avec succès aux climats de l’Amérique du Nord, de l’Amérique centrale, des Antilles et de l’Amérique du Sud. Des variétés rustiques, comme ‘Yellow Bird’ et ‘Eskimo’ qui sont en vedette sur nos timbres, ainsi que ‘Leonard Messel’ illustrant le pli Premier Jour officiel, ont été mises au point par des hybrideurs afin de résister aux hivers froids et aux brefs étés du Canada.

La vie avant les abeilles
Nommé en l’honneur du botaniste français Pierre Magnol, le genre magnolia (famille des magnoliacées) compte plus de 200 variétés dans la sous-classe des magnoliidées. Ce qui est réellement fascinant au sujet du magnolia, c’est qu’il pourrait s’agir de l’une des plus anciennes plantes à fleurs sur terre. On a découvert des magnolias fossilisés datant de plus de 20 millions d’années et des preuves de spécimens appartenant à la famille des magnoliacées, vieux de plus de 95 millions d’années. Cette plante à fleurs délicates est tellement ancienne qu’elle est apparue avant les abeilles, ce qui amène les botanistes à croire que ses fleurs ont été pollinisées à l’origine par des coléoptères. Cette situation expliquerait la dureté des carpelles, la plante ayant dû s’adapter au contact plus rude et plus maladroit du coléoptère.

Les variétés choisies
Éclatante, la variété ‘Yellow Bird’, ainsi baptisée en raison de sa couleur jaune soleil, fleurit en mai, ce qui la rend idéale pour nos brefs étés canadiens. Lorsqu’ils sont fermés, ses pétales, en forme de coupes, rappellent une tulipe. Le spécimen ‘Eskimo’, qui s’épanouit en grosses coupes blanches teintées de lavande, est si robuste qu’il peut survivre malgré un gel léger. Les plantes de type arbuste de la variété ‘Leonard Messel’ produisent quant à elles des fleurs à 12 pétales ressemblant à de pâles étoiles rose lilas.

« Lors de ma première visite à la Ferme expérimentale à Ottawa, en mai 2011, j’avais photographié une grande variété de magnolias blancs ou roses, les plus communs. Cette année cependant, nous voulions mettre l’accent sur une variété moins connue pour le duo de figurines. Nous avons appris que le magnolia jaune, spécimen plus rare, serait en fleurs deux semaines plus tard. Je suis donc retournée à la ferme pour le photographier durant une belle journée ensoleillée. Le choix était si grand que nous avons pu obtenir trois autres hybrides pour le bloc-feuillet, le PPJO et l’intérieur du carnet », explique la photographe et designer Isabelle Toussaint, l’artiste derrière notre émission annuelle sur les fleurs.

« Comme le magnolia est un arbre et qu’il fleurit avant l’apparition de ses feuilles, on observait un certain dépouillement. J’ai donc choisi de conserver le ciel en arrière-plan, tant sur les timbres que sur les autres articles de collection », ajoute-t-elle.

Danielle Trottier, gestionnaire, Conception et production de timbres, voulait depuis longtemps ajouter le magnolia à cette série. « Nous avons mis en vedette des variétés indigènes et des hybrides mis au point pour le climat canadien; les magnolias s’inscrivent dans cette dernière catégorie. Nombre de Canadiens seraient surpris d’apprendre combien de variétés fleurissent ici. Les gens sont toujours étonnés, mais ils sont contents de découvrir une chose de plus sur notre pays. Voilà l’objectif que je visais, en plus de produire des timbres superbes, bien entendu », conclut-elle.

Nota : Les magnolias ont été reproduits avec la permission de la Ferme expérimentale centrale d’Agriculture et d’Agroalimentaire Canada.