Le prochain timbre de la série Art Canada mettra à l'honneur Mary Pratt, peintre réaliste des plus estimées au pays, connue pour ses représentations perceptives de la lumière et des divers thèmes de la vie domestique.

Née et élevée à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, Mary Pratt se met sérieusement à la peinture dès son plus jeune âge. Elle reçoit ses premiers enseignements de sa mère, Katherine E. MacMurray West. Plus tard, elle s'inscrit à la Mount Allison University où elle est l'élève d'Alex Colville, de Lawren Phillips Harris et de Ted Pulford.

Pour obtenir un effet de photoréalisme dans ses toiles, tel qu'elle a brillamment réussi à le faire dans Jelly Shelf qui orne cette émission de Postes Canada, Mary Pratt élimine soigneusement les traces de coups de pinceau par une opération laborieuse consistant à employer de petits pinceaux de martre et à peindre à coups saccadés, puis croisés, au moyen d'un mélange de térébenthine et de Liquin. À l'instar de nombreux autres artistes canadiens, américains et européens qui épousent le style réaliste, elle travaille souvent d'après des diapositives.

Peindre des objets qu'on retrouverait dans la cuisine de sa maison, située à St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), demeure cependant son apanage. À la question de Postes Canada lui demandant si elle avait cru qu'un jour, grâce à son œuvre, l'objet domestique serait traité avec plus grand sérieux, Pratt répondit : « Les objets que je peins sont sérieux, les femmes s'en servent tous les jours - les fruits, les pots à confitures, la gelée. [...] Mon rôle semble avoir été d'amener les gens à porter un regard sur ce qu'ils n'avaient jamais remarqué auparavant, de les aider à trouver la beauté dans les objets simples. Je crois que, par le passé, les gens n'ont pas accordé suffisamment d'importance à ce qui formait le quotidien des femmes. Ce sont des objets importants, car nous devons manger. La nourriture est importante. »

D'autres œuvres, telles que la série Bonfire et « Iceberg in the North Atlantic » également illustrée dans cette émission de Postes Canada, s'écartent du thème domestique. En fait, cette toile, qui orne une pièce de l'ambassade du Canada, à Washington D.C., dévie non seulement sur le plan de l'objet, mais également sur celui de la technique. L'artiste donne l'explication suivante au sujet de ce tableau : « J'ai eu une chirurgie de remplacement des deux hanches, et il m'est pratiquement impossible de me tenir debout en m'appuyant sur une canne pour peindre. J'ai donc commencé à mélanger les matériaux pour amorcer une série de plus grande ampleur. [...] J'ai réalisé la plus grande part de ce tableau au moyen d'une bouteille de Windex remplie de peinture bleue. J'ai appris cette technique seule, pour la neige et l'escarpement. »

Aujourd'hui, cette jeune septuagénaire et grandmère peint encore régulièrement en gardant une vision modeste de ses réalisations artistiques. « Je ne fais que reproduire ce qui m'est beau. »

Pour en apprendre davantage sur cette artiste canadienne fascinante et sur son œuvre :

A Personal Calligraphy, par Mary Pratt
Goose Lane Editions, 2000

Simple Bliss: The Paintings and Prints of Mary Pratt, par Patricia Deadman
MacKenzie Art Gallery, 2004

The Substance of Light: The Art of Mary Pratt, par Tom Smart
Goose Lane Editions, 1995

« Pratt et Pratt ». Vie des Arts.
Vol. 26, no 103 (été 1981), p. 45-48.