Chaque année, de menus pluviers siffleurs parcourent des milliers de kilomètres, partant des plages de la côte atlantique, parfois d'aussi loin que Terre-Neuve, pour aller jouir du climat tropical ensoleillé des Bahamas et même des Antilles. Très répandus pendant une bonne partie du XIX ^e siècle, les pluviers siffleurs ne seraient plus aujourd'hui que 1400 couples. Cette espèce, qui nous rappelle discrètement le fragile équilibre de notre environnement, fait partie des cinq oiseaux de rivage immortalisés dans le troisième et dernier jeu de timbres consacré au naturaliste et peintre animalier John James Audubon.

Outre le pluvier siffleur, les timbres du régime intérieur (50 ¢) mettent en vedette l'alouette hausse-col, le bécasseau à échasses et le lagopède des saules. Ces timbres se tenant à humecter sont offerts en feuillet de 16. Le timbre au tarif des envois à destination des États-Unis (85 ¢) illustre quand à lui le cormoran à aigrettes, une espèce grégaire. Ce timbre autocollant est vendu en carnet de six.

La conception des timbres a posé une difficulté particulière dès le départ, car il avait été décidé, par respect pour Audubon et pour préserver l'intégrité des œuvres originales, que seules des modifications mineures seraient apportées au format. On a donc conçu les timbres en respectant le plus possible les proportions des originaux, lesquels sont conservés par la New-York Historical Society et généreusement mis à la disposition de Postes Canada.

« Comme les originaux sont des œuvres plus en largeur qu'en hauteur, les timbres ont été positionnés à l'horizontal », explique Bill Danard, gestionnaire, Conception et production à Postes Canada, ajoutant que la forme des timbres a été adaptée de manière à ce que chaque image d'oiseau occupe le même espace que par les années précédentes.

Pour le concepteur Rolf Harder, la difficulté consistait à introduire des couleurs qui créeraient un équilibre harmonieux entre l'image et le texte. « La plupart des oiseaux de cette série ont été peints dans des tons neutres, souligne M. Harder. Je voulais des éléments typographiques discrets pour mettre en valeur l'œuvre d'Audubon. Dans le coin supérieur droit de chaque timbre, j'ai intégré le mot Canada dans une bande de couleur qui reprend, en trame plus douce, la couleur en aplat de la valeur nominale, à gauche. Chaque bande s'accorde sobrement avec les couleurs de l'œuvre, ce qui rehausse l'image sans la dominer. »

Lorsque Audubon a commencé à peindre, il ne lui est sans doute jamais venu à l'esprit que ses œuvres quitteraient un jour les collections d'art privé pour trôner dans les centres d'études scientifiques et de conservation de la faune. Ornithologue d'avant-garde et chasseur passionné, Audubon a noté dans ses tout premiers écrits qu'une journée n'était pas digne de mention tant qu'une centaine d'oiseaux n'étaient pas tombés sous ses balles. Comme bien d'autres chasseurs, Audubon a graduellement pris conscience de l'importance de la conservation. Il a été l'un des premiers à sonner l'alarme, ayant constaté que les conures de Caroline, les tétras des prairies et les dindons sauvages, entre autres, n'étaient plus aussi nombreux qu'avant. De fait, beaucoup d'oiseaux peints sur toile par Audubon sont en nombre décroissant, ce qui rend les œuvres du naturaliste encore plus inestimables.