Vers la fin des années 1940, un jeune homme de Montréal quitta sa famille, sa culture et son pays afin de s'établir comme artiste parmi les avant-gardistes à Paris. Les frontières ne purent refréner l'esprit innovateur et iconoclaste du peintre et sculpteur Jean-Paul Riopelle. Il connut un succès immense à l'étranger, mais sa passion pour la nature le ramena finalement au Canada où il est décédé en mars 2002.

À l'heure actuelle, Riopelle est révéré comme l'un des grands peintres modernistes du XX^e siècle. Afin de souligner ses réalisations, Postes Canada poursuit sa série Chefs-d'œuvre en émettant un feuillet de six timbres au tarif du régime intérieur (6 x 48 ¢) ainsi qu'un bloc-feuillet orné d'une colombe perforée au tarif international (1 x 1,25 $).

VERS L'ABSTRACTION
Né à Montréal le 7 octobre 1923, le jeune Riopelle a étudié les beaux-arts dans la métropole et s'est laissé influencer profondément par l'art avant-gardiste et « surréaliste » de Paul-Émile Borduas. En 1945, il a créé ses premiers tableaux abstraits. Ses parents, déçus de sa décision de devenir artiste, lui ont coupé les vivres.

Riopelle a commencé à exposer ses tableaux avec d'autres peintres abstraits qui se désignaient comme des « automatistes ». En 1948, ils ont publié un manifeste intitulé Refus global, enjoignant les artistes de rompre avec les contraintes répressives sociales dont ils étaient témoins au Québec. À cette époque, Riopelle a monté son atelier à Paris, où l'atmosphère de liberté artistique et expérimentale lui a servi d'inspiration.

Ses tableaux abstraits regroupaient des champs de couleurs vives, souvent appliquées en couches épaisses à la spatule, afin de créer un effet hautement texturé. Il a produit des mosaïques abstraites flamboyantes comprenant une multitude de couleurs. Il a participé à de nombreuses expositions dans les années 1950, et sa célébrité n'a fait que croître à mesure qu'il accumulait prix et distinctions à l'échelle internationale.

RETOUR AU PAYS NATAL
Riopelle a dit que « ...c'est la nature qui est la seule référence ». À partir des années 1970, il s'est remis à peindre des œuvres figuratives inspirées par la nature. Il a souvent parcouru le Québec pour s'adonner à la chasse et à la pêche, et ces séjours ont suscité chez lui un nouvel élan créatif. Il a commencé à explorer de nouvelles techniques de peinture; en effet, la bombe aérosol et l'impression négative sont devenues ses outils de travail, et il a produit plusieurs séries inspirées de formes naturelles, telles que les hiboux et les oies blanches. Riopelle est retourné au Canada pour s'installer dans l'Isle-aux-Grues, à l'est de Québec, où il est décédé à l'âge de 78 ans.

CONCEPTION DES TIMBRES
Sur chacun des sept timbres, le concepteur Steven Spazuk expose des images de l'œuvre célèbre de Riopelle intitulée L'Hommage à Rosa Luxemburg; l'artiste a peint ce tableau en 1992 après avoir appris le décès de Joan Mitchell, son ancienne compagne. D'une longueur de plus de 40 mètres, ce tableau représente une méditation complexe sur l'amour et l'écoulement du temps, et ce, en 30 plans narratifs séquentiels. Afin de saisir la richesse de cette œuvre gigantesque sur un timbre, le concepteur a choisi de s'en tenir à des éléments graphiques simples et discrets, et il s'est assuré de porter une attention minutieuse à la reproduction des couleurs du tableau.

Tous les timbres consacrés à Riopelle utilisent un mélange d'encre primaire et d'encre métallique pour recréer les toiles telles qu'elles existent. Comptant parmi les plus grands timbres commémoratifs offerts (comme le timbre courant de 8 $ émis en 1997 présentant un ours brun), le jeu de vignettes consacré à Riopelle porte également une date et un droit d'auteur masqués qui font partie du marquage au phosphore fluorescent. Utilisez vos instruments de collectionneur pour repérer la date et le droit d'auteur. Nous reproduirons l'endroit exact dans la section Avis, volume XIII, n^o 1.

Le bloc-feuillet comporte en outre l'image d'une colombe créée à l'aide d'un procédé unique de dentelure par peigne.